24 Jan Les femmes girafes au Myanmar, une rencontre privilégiée
Loikaw, jolie capitale de l’état de Kayah
Ça faisait si longtemps que j’attendais ce jour !
Après avoir entendu tout et n’importe quoi sur LOIKAW et ses alentours, nous avons décidé que nous irions quand même. Certains disent que l’accès y est interdit, d’autres parlent d’affrontements, l’ambassade elle-même ne sait pas trop quoi raconter sur cette région et déconseille donc de s’y rendre. Mais il n’y a que depuis Loikaw, dans l’état Kayah, que l’on a une chance de partir rencontrer les femmes girafes (puisqu’il est hors de question que l’on se rende dans un village zoo de Thaïlande) et c’est ce dont je rêve depuis un temps infini. Une seule personne, une ancienne guide, nous dit que l’on peut y aller sans crainte. On préfère se concentrer sur cette parole positive plutôt que d’écouter toutes les autres. Femmes girafes
Savourer la vie locale à Loikaw
Et on a bien fait. LOIKAW est une très jolie petite ville et ses habitants sont (comme depuis le début du voyage) hypers accueillants. Femmes girafes
Ce matin, notre guide nous récupère à 8H pour une journée haute en couleurs. Théo nous emmène au plus grand marché de la ville. Il est ouvert tous les jours sauf les jours de pleine lune et l’on y trouve de tout. Du poulet au poisson séché en passant par les légumes, les fruits et les vêtements, le marché est vibrant d’activité. Femmes girafes
Après avoir fait le plein d’odeurs, de couleurs et de sourires, le mini van dans lequel nous sommes seuls, nous conduit à 1H de LOIKAW, dans la pampa désertique et nous dépose au milieu de nulle part. Le 1er village accessible est à 1h de marche et nous partons à la découverte d’un monde inconnu : celui des femmes au long cou. Femmes girafes
L’émotion de rencontrer les femmes girafes
Katelku, le 1er village est désert et nous continuons notre chemin vers Tawkey. Elles sont là ! Nous y sommes ! Les femmes-girafes qui me fascinaient tant vivent donc ici.
Excités et intimidés, nous arrivons en pleine préparation de leur cérémonie du soir. Les femmes sont dehors et épluchent les légumes, les hommes sont affairés à l’intérieur, coupent et préparent le cochon. Par terre. A même le sol. Il est clair qu’on ne s’encombre pas beaucoup des règles d’hygiène et autres impératifs sanitaires ici 🙂 Femmes girafes
Nous ne voulons pas être intrusifs et nous n’osons pas beaucoup bouger. Un des hommes parle un peu anglais et baragouine quelques mots avec nous. Mais tout le monde reste très distant, eux comme nous et je ne sais pas si c’est parce que nous n’avons pas notre place ou si c’est par timidité que personne ne fait attention à nous. C’est un peu comme lorsque 2 enfants qui ne se connaissent pas se rencontrent. Ils se regardent et détournent le regard, ne se parlent pas même s’ils en ont envie, se tournent autour et se fuient, avant de finir par devenir copains.
Les gens ici ont la gentillesse de nous offrir le repas et nous montons à l’étage, là où se trouve leur cuisine. Au milieu de la pièce faite en bambou, un feu de bois sur lequel est posée une grosse marmite en fonte. Au menu, riz, légumes et porc. Je revois la préparation du porc au rez-de-chaussée. Mon mental peut le faire (je crois) mais mon estomac, lui, voudrait bien se barrer en courant là tout de suite maintenant.
Julien ne se risque pas à la viande, moi je me la joue Le Père Noël est une ordure « Non Pierre, je le mange quand même car c’est offert de bon cœur ».
Personne ne parle anglais et la discussion s’estompe vite après 2 3 essais de langage du corps mais on arrive tout de même à soustraire quelques sourires.
On redescend après un bon repas, on souri, on regarde ce que les gens font mais le malaise persiste.
Le privilège de participer à l’activité du village
A nous de nous intégrer dans la vie du village. Je meurs d’envie de participer alors on s’assied avec les femmes, dehors, et à coup de gestes approximatifs, on leur explique que l’on veut les aider à éplucher les patates. Les regards s’échangent, les sourires se dessinent sur les visages et une femme me tend son couteau. Une autre en fait de même avec Julien.
Et nous voilà, 2 manchots de la cuisine, un couteau de chasse à la main, essayant d’éplucher des patates plus petites que ma paume de main. On est nuls mais ça a le mérite de les faire rire.
Enfin, les échanges se mettent en place. Les regards deviennent chaleureux et souriants, le dialogue s’entame et je suis aux anges. J’apprends, à coups de gestes approximatifs, que l’une des femmes à 5 enfants. Elles nous demandent nos âges, s’inquiètent de savoir si l’on est amoureux ou juste amis. L’une d’elle arrive à nous faire comprendre qu’elle aimerait que l’on se fasse un bisou. On joue le jeu en faisant la grimace et c’est une explosion de rires générale qui fini de détendre l’atmosphère. 2 d’entre elles sont particulièrement amicales et nous continuons nos scènes de mimes pour discuter pendant un bon moment. Et quand le mime ne suffit plus, j’appelle notre guide à la rescousse pour qu’il traduise. Femmes girafes
Je suis heureuse de constater que nous ne sommes pas dans un village-zoo comme on en voit en Thaïlande où les femmes sont exposées comme des bêtes que les touristes viennent prendre en photo. Ici, il n’y a que nous. Et les villageois qui font leur vie. Les liens se créent petit à petit, les échanges sont vrais et ma joie intense. Julien aussi y prend énormément de plaisir. Femmes girafes
Panpet, une autre image des femmes au long cou
Quand l’heure vient d’avancer vers Panpet, je n’en ai plus envie. Initialement, c’est là que je voulais me rendre, mais j’ai trouvé à Tawkey ce que je cherchais. Les quelques minutes de marche entre les 2 villages nous emmènent dans un tout autre monde. Ici aussi il y a des femmes-girafes, mais l’atmosphère est tout autre. Les maisonnettes sont transformées en petit magasins de souvenirs, et les femmes baragouinent un anglais incertain pour pouvoir au moins négocier leurs articles. Bon n’exagérons rien, on est encore loin du tourisme de masse et ce n’est pas encore Disneyland ici, mais tout de même, on ressent le tourisme et ses effets. Les femmes sont indifférentes, font leur mini business et ne prêtent pas attention aux touristes que nous sommes, qu’elles ont par ailleurs vu des centaines de fois. Femmes girafes
Car la plupart des femmes ici ont travaillé pendant longtemps dans des villages près de Chiang Mai en Thaïlande. Des attractions touristiques où l’on fait miroiter l’authentique. Elles sont revenues à Panpet, leur village d’origine, depuis que le gouvernement a changé et que les promesses de pouvoir vivre de leur business se font ressentir. Je leur souhaite de tout coeur de pouvoir rester dans leur village et d’arriver à vivre aujourd’hui sans avoir besoin de retourner dans ces zoos humains attristants. Femmes girafes
Des étoiles plein les yeux
L’heure vient finalement où il faut partir. J’emporte avec moi la douce image de Katelku, qui semble être le dernier fief de la communauté des Padaung. Cette expérience fait partie des plus belles, des plus exaltantes que j’aie pu connaitre. C’est un honneur d’avoir pu échanger un peu avec ces personnes, dont l’histoire et la culture m’a toujours fascinée. Femmes girafes
La journée se termine tranquillement par un peu de sport, l’achat de quelques fruits et bien sûr le sourire aux lèvres. La dolce vita….
claudia
Posted at 17:26h, 15 févrierBonjour , je suis un peu gênée de lire ce que vous écrivez . Connaissant assez bien le terrain , ce que vous nommez « femmes girafes » est redevenu une attraction à partir de l’ouverture des frontières birmanes au tourisme dans les années 2012/13 . Cette pratique assez infamante pour les femmes avait quasi disparu , mais les touristes veulent voir du sensationnel … a ce propos , le nom Myanmar est celui qui a été imposé par la junte qui vient de brutalement reprendre le pouvoir en Birmanie . Le seul point positif de ce coup d’Etat est qu’il a mis fin au tourisme de masse qui commençait à sérieusement porter préjudice au pays .
Sonia
Posted at 16:56h, 27 marsBonjour Claudia,
Je vous remercie de ce partage d’informations fort instructif.
Je vous rejoins en effet sur le caractère touristique des « femmes girafes » et c’est précisémment ce que nous avons mis un point d’honneur à éviter. Beaucoup d’endroits en Birmanie exposent ces femmes comme une attraction, ce que nous trouvons, tout comme vous, infâme. Comme expliqué dans l’article, nous avons eu l’immense privilège de partir rencontrer les femmes Karen chez elles, dans leur village (et non dans un village-zoo comme Mae Hong Son par exemple).
J’avais personnellement entendu que la tradition avait presque disparue car le gouvernement souhaitait « effacer » cette particularité et occidentaliser davantage l’image du pays.
On trouve beaucoup d’informations sur Internet et l’on entend énormément de versions différentes en discutant en voyage. Il est donc difficile, pour des personnes non spécialisées sur la question comme … nous, de pouvoir affirmer avec aplomb une info ou une autre.
Nous souhaitons respecter au maximum les personnes que nous rencontrons, les traditions et les pratiques de chacun. Mais il se peut qu’en cours de route, nous fassions quelques erreurs de débutants sans doute.
Je pense pourtant toujours que notre rencontre était exceptionnelle car réalisée dans le respect et la pudeur.
Concernant le nom Myanmar et Birmanie, je suis toujours partagée entre ces 2 noms, ne sachant pas lequel de l »officiel » ou de l’historique est employé. Je préfère personnellement Birmanie et au vue de vos explications, je peux maintenant trancher pour employer celui-ci.
Merci de votre éclairage sur le sujet.
Enfin, concernant le tourisme de masse que vous abordez, je ne peux parler de ce que je ne connais pas. Lorsque j’y suis allée en 2016, on ne parlait pas encore de tourisme de masse et il m’a semblé, en étant restée 1 mois dans le pays, que l’ouverture des frontières était quelque chose de très bien accueilli par les habitants. Jai rencontré la-bas des personnes d’une bonté sans pareil et je garderai toujours dans mon coeur la douceur de ces échanges. Sans doute le pays a-t-il été victime de son succès par la suite et le tourisme s’est-il accru de manière exponentielle… si tel est le cas, je comprends totalement qu’un tourisme de masse puisse porter préjudice à un pays. Mais je ne peux en témoigner personnellement. Etant voyageuse, je suis évidemment partagée entre dénoncer le tourisme de masse…… auquel je participe pourtant en voyageant…. j’évite au maximum les endroits surpeuplés et « trop » touristiques mais il est dur bien sûr de trouver le discours le plus juste.
Yann Godet
Posted at 07:17h, 11 juilletBonjour Sonia, te rappelle tu du prix que vous a coûté cette aventure chez les femmes padaung ?
Merci
Sonia
Posted at 23:04h, 17 juilletBonjour Yann,
Très honnêtement, je n’ai plus aucune idée du prix que nous avions payé pour notre guide mais je sais que c’était quelque chose de très abordable. Nous avions discuté en direct avec le guide, et avions pu convenir d’un prix ensemble. Peut être quelque chose de l’ordre de 50€ ? Mais je ne voudrais pas vous dire de bêtise…
Sandra aversenq
Posted at 04:29h, 04 marsBonjour ! Votre article me fait rêver .. Nous sommes en Birmanie et nous rêvons de vivre exactement la même expérience que vous ! Avez vous gardé les contacts guide et autre Svp ? Nous y serons ds grosse semaine environ . Par avance merci !
Sonia
Posted at 04:33h, 06 marsBonjour Sandra ! Je suis ravie que mon article trouve un écho et vous donne envie de vivre une expérience similaire 🙂 Malheureusement, j’ai conservé le nom du guide chez moi en France, et je suis actuellement en Australie …!
Ce que je peux vous donner en revanche, c’est le nom de l’hôtel via lequel nous avions trouvé le guide 😉 Nous avions séjourné au Min Ma Haw motel à Loikaw. La-bas, ils nous avaient donné le nom d’un guide local, organisant seulement des balades « privées » sans tours organisés et loin des chemins touristiques. Insistez bien sur le fait que vous ne souhaitez pas un tour touristique mais bien rencontrer les femmes Padaungs dans leur village.
J’espère que ce peu d’information pourra tout de même vous aider à concrétiser votre projet… Au plaisir d’entendre le retour de vos aventures 🙂
Floriane klimpf
Posted at 17:16h, 19 févrierBonjour Sonia,
Nous sommes comme vous intéressés par cette communauté, et avons refusé de les voir en thailande.
Nous souhaitons les rencontrer dans leur vrai village. Comment vous vous y êtes pris pour y aller ? Ou avez vous trouvé le guide ? Faut il un permis pour y aller ? Merci d’avance pour votre réponse votre article est le plus récent à ce sujet et nous trouvons très peu d’informations. Floriane
Sonia
Posted at 04:45h, 06 marsBonjour Floriane,
Même si nous avons eu l’opportunité d’échanger sur ce sujet depuis, je tenais quand même à saluer votre démarche de préférer attendre un peu pour les rencontrer chez elles, plutôt que de les voir à tout prix en Thaïlande. Cela fait, selon nous partie d’une démarche plus responsable dans le voyage. J’espère en tout cas que vous pourrez vivre une expérience aussi magnifique que nous avons pu le faire. Bon vent !
Sarah Houlot
Posted at 12:01h, 14 févrierBonjour,
Nous partons en Birmanie dans 3 semaines et avons prévu de passer par Loikaw et ses alentours. Nous souhaitons également rencontrer les femmes girafes dans un cadre authentique, dans leur village préservé de l’afflux touristique. Auriez-vous des conseils ou une agence à nous recommander, un guide en particulier ?
Merci pour le récit de votre aventure !
Sarah
Sonia
Posted at 04:49h, 06 marsBonjour Sarah
J’ai répondu à cette question à Sandra, un peu plus haut. Je me permets donc de te copier ici ce que j’ai expliqué 🙂
Malheureusement, j’ai conservé le nom du guide chez moi en France, et je suis actuellement en Australie …!
Ce que je peux te donner en revanche, c’est le nom de l’hôtel via lequel nous avions trouvé le guide Nous avions séjourné au Min Ma Haw motel à Loikaw. La-bas, ils nous avaient donné le nom d’un guide local, organisant seulement des balades « privées » sans tours organisés et loin des chemins touristiques. Insiste bien sur le fait que tu ne souhaites pas un tour touristique mais bien rencontrer les femmes Padaungs dans leur village.
J’espère que ce peu d’information pourra tout de même t’ider à concrétiser ton projet…
Navrée de ne pouvoir te donner le nom du guide, qui aurait été plus simple pour ton organisation… je croise les doigts pour que ton séjour à Loikaw soit aussi lumineux qu’à pu l’être le notre 🙂